Jeudi 20 mars 2025, 18h30 Centre social de Lons-le-Saunier
29 présents, 6 excusés
Les historiens sérieux opposent souvent l’histoire et la fiction. Longtemps professeur d’histoire, Annie Gay a eu l’envie de respirer autrement. Elle avait élaboré des scénarios de théâtre avec ses élèves, elle aimait donner de la chair et du goût à l’histoire. En 1997 l’éditeur Eric Caboussat (Cabedita) oublia son livre sur Louise de Constant, l’inconvenante et scandaleuse dame de Brevans. Puis ce furent Les Jobez, maître de forges jurassiens au XIXe siècle, Guerre et paix en Franche-Comté : la nonne et le soldat puis en 2012, Moi Rosalie, femme de chambre et en 2014 Colette de Corbie, et quelques autres.
Il y a aussi eu des pièces de théâtre, spectacles historiques déambulatoires, entre autres : Le diable et le bon dieu, Il était une fois la Belle époque à Lons-le-Saunier, Il était une fois Rouget de Lisle…
Annie Gay vient de publier Chronique d’un prof de province. De 1968 à 2005, 40 ans d’une vie de prof qu’elle considère marquée par une évolution inquiétante : baisse du niveau des élèves, augmentation des inégalités. Avec méthode, elle a décortiqué les réformes successives de l’Education nationale : du collège unique de la loi Haby en 1975, la méthode globale, la création des ZEP, l’échec de Jean-Pierre Chevénement en 1984, la sélection par l’échec à l’université, l’élève au centre du système avec la loi Jospin en 1989, l’informatique pour tous avec Allègre en 1999, le voile à l’école....
L’habileté numérique remplace la pensée, on n’enseigne plus la chronologie. A cet égard, le traitement du bicentenaire de la Révolution en 1989 est instructif : alors qu’en province on l’inscrit dans le roman national, Jack Lang en fait une parade à Paris.
Pas forcément nostalgique de l’autrefois, Annie Gay s’est reconnue hébétée de voir ce qu’est devenue l’école.
Merci pour cet entretien empli de passion et d’envie de partage.