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Alain Baud, un parcours au service du vignoble jurassien

19 janvier 2023

19 présents, 6 excusés

Après une carrière bien remplie et des responsabilités dans le domaine viticole, Alain Baud a transmis son domaine à ses enfants en 2016 : c’est maintenant Baud Génération 9. Il nous a présenté les lignes de force de son engagement et les défis qui ont émaillé son parcours, à la vigne, à la cave et dans les organismes qui ont permis de structurer la profession et de faire connaître les vins du Jura.

Personnalité bien connue des Jurassiens, Alain Baud, vigneron au Vernois, est venu partager une expérience riche et parfois inattendue.

Son père possédait 3 ha de vigne au Vernois. Après l’école primaire au village, c’est le Lycée Rouget de Lisle à Lons-le-Saunier. En 4e, il apprend le russe, « une lubie de gamin » dit-il. Mai 1968, un passage dans les « para » d’outremer à Bayonne … mais la passion de la vigne le rattrape. Il s’installe donc avec son père et son frère qui, lui, a fait des études de viticulture. Alain prend des cours du soir et suivra une formation pour adultes. Le domaine se développe à Château-Chalon et L’Etoile pour atteindre 20 ha sur lesquels travaillent une quinzaine de personnes. 50% de la production part à l’exportation dans une quinzaine de pays.

 L’implication d’Alain Baud dans le milieu viticole passe par l’association de promotion des produits du terroir et surtout par la Société de Viticulture du Jura dont il sera vice-président pendant 10 ans puis président pendant 10 ans : 20 ans au total ! Ses objectifs : « faire sortir les vins du Jura de leur tanière » et faire vivre décemment les vignerons. Aux AOP géographiques s’ajoutent des AOP produits. Pour structurer l’appellation Côtes du Jura, il crée le syndicat correspondant dans les années 1990.

Avec la collaboration de scientifiques des études s’intéressent aux terroirs et aux impacts des pratiques culturales (labours, enherbage).

Un volet intéressant : les cépages anciens qu’il faut conserver à des fins patrimoniales. 3 conservatoires sont créés dans le Jura à Cramans / Champagne-sur-Loue, Château-Chalon et Le Vernois. Les 5 cépages reconnus par l’AOC et choisis par les vignerons dans les années 1920 montrent leurs limites… Le vignoble jurassien a vieilli. Le changement climatique fait évoluer la production depuis 10-15 ans ; la date des vendanges avance, on va avoir des vins trop riches en alcool…

Répondant aux nombreuses questions qui lui ont été posées, Alain Baud a aussi abordé le rôle des levures sélectionnées au laboratoire départemental de Poligny pour ensemencer les vins jaunes. Il a évoqué les personnalités marquantes (Joseph Girard, André Blum, Jacques Levaux notamment) qui ont contribué à la qualité des vins du Jura. Les menaces qui pèsent sur le vignoble sont aussi liées aux achats de vignobles par des étrangers fortunés, les exploitations ne peuvent alors pas payer l’investissement et les domaines familiaux explosent.

Des projets non aboutis d’installation de vignobles dans l’Altaï et au Québec témoignent de la volonté de transmettre des savoir-faire et de développer des vignobles de qualité dans des terroirs où ils pourraient se développer.