Florent Puppis, La musicothérapie : vers un mieux-être

15 juin 2023, Centre social, 18h30

20 présents, 7 excusés

Naissance d'une passion pour le chant

Bercé et accompagné dans son enfance par des musiques d'opérette dans le foyer de ses grands-parents, Florent Puppis découvrit très tôt les chansons de Luis Mariano. Son grand-père, doté d'une magnifique voix, avait pour habitude d'interpréter « Mexico » après chaque repas de famille. Et l'enfant était alors émerveillé et rempli de joie...Florent allait donc tout naturellement fredonner puis chanter les airs de Luis Mariano à la grande satisfaction de son aïeul qui l'initia à la scène très tôt. Il donna sa première prestation ''officielle'' à l'âge de huit ans. Sa passion pour le chant ne faiblira jamais tant dans sa vie personnelle que professionnelle. Il occupe actuellement la fonction de chef de chœur dans deux chorales et donne des concerts sur son temps libre. Florent enseigne la musicothérapie à l'Université de Bourgogne, Franche-Comté et dirige conjointement un secteur socio-culturel dans un EHPAD en Suisse.

Cadre scientifique

En référence aux travaux de recherche du Pr Jacques Touchon, médecin et directeur de l'Unité de Neurologie comportementale et dégénérative au CHU de Montpellier, Florent Puppis a présenté, tout d'abord, la cartographie du cerveau musical en indiquant les interactions entre la musique et certaines parties du cerveau. 

Ecouter une mélodie familière active des régions impliquées dans la mémoire comme, par exemple, l'hippocampe et des aires du cortex frontal. De même, les émotions ressenties à l'écoute musicale activent les structures participant aux émotions, tels l'amygdale cérébrale et le cortex orbital.

Propriétés de la musique et effets de la musicothérapie

La musique influence le comportement humain ; elle a le pouvoir de dissoudre les tensions corporelles mais également, de calmer et de détendre. Paradoxalement, elle a le pouvoir de régénérer, d'éveiller ou de stimuler. Elle trouve sa place dans de nombreuses structures de soins : maternité, service de néonatologie/ pédiatrie, salles de pré-anesthésie, ou secteur de gériatrie, par exemple.

Florent Puppis a évoqué des situations qu'il a vécues avec des personnes autistes ou âgées atteintes de troubles psychiques ; situations montrant que la musicothérapie agit comme un moyen pour rétablir l'équilibre moral et psychologique. De plus, il a présenté des instruments de percussion couramment utilisés dans les ateliers afin de stimuler la créativité. Cela a illustré concrètement l'espace dans lequel les patients évoluaient.

Champ d'application

La musicothérapie s'adresse à tous les publics en situation de handicap, ou présentant des troubles physiques, psychiques, sensoriels, ou neurologiques ou des difficultés psycho-sociales.

La musicothérapie se pratique avec un thérapeute professionnel et en équipe disciplinaire, dans un espace attribué. Elle peut se réaliser individuellement ou en groupe. Il existe trois types de musicothérapie :

- la musicothérapie réceptive,

- la musicothérapie active,

- la musicothérapie hypnotive (plus rarement atteinte et pratiquée)

Objectifs thérapeutiques

 Selon Florent Puppis, les objectifs thérapeutiques sont spécifiques à chaque individu et sont déterminés en fonction de la problématique (psychologique et physiologique) du patient, de ses capacités et de ses intérêts musicaux. Ils déterminent le mode de soins à mettre en œuvre, la durée et la fréquence de ceux-ci.

Evaluation des objectifs fixés

 Florent Puppis attache une grande importance aux évaluations. Elles permettent de relever les évolutions du patient et de réajuster les objectifs opérationnels grâce à un processus d'analyse de la relation thérapeutique et des capacités individuelles.

Il insista sur la nécessité de transmettre ces évaluations aux membres de l'équipe pluridisciplinaire et de verser ces données au dossier du patient dans un but de prise en charge adaptée et harmonieuse.

Résultats suite à des études cliniques

D'après les études cliniques conduites au CHU de Montpellier et analysées par Florent Puppis, la musique évoque des images et des souvenirs permettant une stimulation cognitive. Elle modifie les composantes de la maladie à travers des effets sensoriels, cognitifs, affectifs et comportementaux qui accroissent la production d'endorphine et le taux de mélatonine sérique chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.

Par ailleurs, les études cliniques montrent que la musicothérapie réduit l'anxiété, les phases dépressives, l'agressivité et améliore significativement l'humeur, la communication et l'autonomie des patients.

Florent Puppis cite également une étude clinique conduite par Stéphane Guétin, musicothérapeute et docteur en psychologie dans le même CHU auprès de patients intubés et non intubés en service de réanimation. L'étude se concentrait sur les paramètres hémodynamiques et respiratoires mais aussi sur la douleur et l'état d'éveil/ vigilance

des patients. Les résultats ont montré une diminution de la douleur, une relaxation chez les patients intubés et non intubés en cours de sevrage ventilatoire, une réduction de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.

En conclusion : soirée intéressante et dense qui mériterait un approfondissement grâce à la lecture de trois ouvrages proposés par l'intervenant :

- La musicothérapie d'Edith Lecourt, PUF, collection Nodules, 1988, 128 p.

- Musicophilia. La musique, le cerveau et nous d'Olivier Sacks, Seuil, 2018, 480 p.

- Musique, musicothérapie et développement de l'enfant de Guylaine Veillancourt. Editions de l’hôpital Sainte-Justine, 2005, 175 p.

 CT

  photo mjl